Le XIIe siècle espagnol fut un âge d’or pour l’art roman, marqué par des réalisations architecturales grandioses et une profusion de sculptures ornées. Parmi ces artistes talentueux, Quirimbas, dont le nom évoque déjà une certaine énigme, nous a légué un chef-d’œuvre exceptionnel : le retable de Santa María la Real de Meyra, aujourd’hui exposé au musée diocésain de Huesca.
Ce retable, œuvre magistrale sculptée en bois polychrome, est bien plus qu’une simple décoration d’autel. Il est une véritable fenêtre ouverte sur l’univers spirituel et les croyances du peuple médiéval. En contemplant ses scènes bibliques méticuleusement réalisées, on comprend la puissance de la foi qui animait ces artisans, leur dévotion à Dieu et à la Vierge Marie.
Structure et iconographie: Le retable se présente sous la forme d’une composition tripartite. Au centre, trône un majestueux Christ en Majesté entouré des symboles des quatre évangélistes : le lion, l’aigle, le taureau et l’homme. À gauche, la scène de la Nativité nous transporte dans la simplicité du berceau divin tandis que, à droite, la Crucifixion nous confronte à la souffrance ultime du Sauveur.
Chaque scène est peuplée de personnages expressifs aux visages empreints d’émotion, témoignant du talent extraordinaire de Quirimbas pour donner vie au bois. Les drapés des vêtements, les plis délicats et les gestes expressifs sont traités avec une précision remarquable, révélant une maîtrise technique exceptionnelle.
Scène | Description | Symbolisme |
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Christ en Majesté | Le Christ est représenté assis sur un trône, bénissant de la main droite et tenant un livre ouvert dans la gauche | Roi céleste, maître du monde |
Nativité | Marie, Joseph et l’Enfant Jésus sont représentés dans une grotte simple | Naissance humble du Sauveur, incarnation divine |
Crucifixion | Le Christ crucifié est entouré des voleurs sur les côtés et de la Vierge Marie au pied de la croix | Sacrifice ultime pour le salut de l’humanité |
La polychromie : un langage vibrant: La couleur joue un rôle crucial dans la puissance expressive du retable. Les pigments naturels utilisés par Quirimbas – rouge, bleu, vert, jaune – viennent réveiller les sculptures et donner vie aux personnages. Le ciel bleu profond contraste avec le rouge sang de la robe du Christ en Majesté, tandis que les drapés dorés de la Vierge Marie soulignent sa pureté et sa majesté.
Cette polychromie vive ne se contente pas d’embellir l’œuvre; elle sert également à transmettre des messages symboliques importants. Le bleu ciel représente la transcendance divine, le rouge le sacrifice et la passion, tandis que le doré évoque la lumière spirituelle et la sainteté.
L’héritage de Quirimbas: Le retable de Santa María la Real de Meyra est bien plus qu’une œuvre d’art remarquable. Il témoigne de la foi profonde qui animait les artistes du XIIe siècle, leur dévouement à l’Eglise et leur talent exceptionnel pour donner vie au bois.
Aujourd’hui, cet objet précieux nous transporte dans un monde lointain, où la religion imprégnait tous les aspects de la vie et où l’art servait à glorifier Dieu. Il témoigne également du raffinement technique atteint par les sculpteurs romans et leur capacité à créer des œuvres aussi expressives et émouvantes.
En contemplant ce chef-d’œuvre, on ne peut s’empêcher de ressentir une profonde admiration pour Quirimbas, cet artiste dont le nom nous est étrangement familier aujourd’hui. Son retable continue d’inspirer les générations suivantes et nous rappelle la puissance intemporelle de l’art religieux.